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Plume d'indien

Un petit sioux qui lutte contre l'apache blanche

Du deuil au don

Comme à mon habitude j’ai attendu la dernière minute pour passer le pas, franchir la voie. Quand on n’est pas prêt, on n’est pas prêt mais quand on l’est, on l’est. Une évidence, oui, mais aussi une idée. Celle de faire les choses à son rythme, d’écouter le courant qui roule et d’épouser ses courbes.

Le mariage a eu lieu le 3 janvier 2023 à Asnières-sur-Seine. Il n’y a pas eu de foule à fendre pour rejoindre l’autel, ni de maire en écharpe pour consacrer les vœux, simplement une porte vitrée à pousser et, dans un sourire, on m’a installé. Me voilà engagé à “Diminu-tif”.

Contrairement à ce que son nom présuppose, le salon de coiffure fait grandir. Du deuil au don, il n’y a qu’un pas. Un pas salutaire qui élève, qui apaise. Deuil d’une branche pour mieux faire don de ses fruits. Lorsque le mort pour l’un devient pour l’autre vivant. Pas besoin de perdre la vie pour donner son cœur, vos cheveux suffisent à réparer les vivants. A toutes fins utiles, la perte est un commencement.

La veille de mon engagement militaire, j’ai tenu à léguer ma longue chevelure devenue superflue. Quarante centimètres de mèches offerts aux lames de la tondeuse et de sa force mécanique qui sépare les parties. Outil de l’homme pour agir sur le monde, pris en main par une femme, épouse et maire d’un jour. Redessiner un visage et par-là même dégager les contours d’une vie. S'avancer sur le chemin droit devant.

Derrière, en même temps que les cheveux, ce sont des pans d’existence qui tombent. Comme les glaciers argentins fondent au printemps, leurs fragments abandonnés à la gravité glissent jusqu’à disparaître sous les flots. Perito Moreno. Abuela, te amo.

Du deuil au don
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