Bénie sois-tu, Notre Dame

Notre-Dame prise dans les flammes, notre cœur parmi les baises, notre âme consumée, réduite en cendres par la folie d’un incendie. Le peuple de France pleure sa Dame comme il verrait s’éteindre la dernière baleine au large de nos rivages.

Chers amis, le feu brûle, il consume, il attaque, il détruit, l’édifice en premier et, à travers lui, une partie de nos vies. Ce sont des souvenirs qui partent, nos histoires enchevêtrées dans les pierres, nichées dans les corniches, tapies contre les gargouilles, inscrites dans la charpente, dispersées par les flammes crépitantes comme le big bang fit naître les planètes et projeta les comètes.

L’incendie rebat les cartes, il bouscule l’ordre établi sans que quiconque puise l’accuser de complotise. Le feu n’est pas humain, on ne peut ni l’attaquer, ni le contrôler, ni le restreindre. Quand on l’assaillit, il s’en va courir ailleurs, grignoter d’autres mets délicieux que les fidèles auront déposés au pied de l’autel.

Pendant ce temps, la cathédrale brûle sous les yeux médusés de badauds qui se disent que plus rien ne sera jamais comme avant. Non, plus rien ne sera jamais comme avant, les choses vivent, les choses meurent, c’est ainsi.

Victimes de notre naïveté, bernés par le leurre de l’immortalité, nous croyons les choses éternelles. Il existe pourtant bel et bien une fin à tout grain de matière qui s’éprend de la vie, et Notre-Dame, dont le généreux sein abreuva Paris des siècles durant, vient nous le rappeler dans son plus grand dévouement.

Fille de nos pères les bâtisseurs, mère de nos enfants, tu disparais sous les flammes, tu t’effaces derrière la fumée sous nos yeux impuissants, déposant à nos pieds les cendres de notre histoire.

Bénie sois-tu Notre-Dame.

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